samedi 13 décembre 2014

Traité transatlantique : c’est plus grave encore que ce qu’on pensait



 Secrets and lies, c’est le titre d’un admirable film de Mike Leigh. Secrets et mensonges,  c’est aussi la pratique constante des responsables européens et de la plupart de nos dirigeants en France lorsqu’ils évoquent leur projet de Traité transatlantique ou Tafta.

On savait déjà bien des choses sur les méga-risques liés à ce méga-traité négocié dans
l’opacité la plus totale. Je les avais explicitées notamment dans ce billet d’avril dernier :
Le grand marché transatlantique en deux pages.

Le secret favorise le mensonge et le mensonge a besoin du secret. Mais peu à peu, nous  aussi nous découvrons le pot aux roses. Et il s’avère pire que ce que j’écrivais il y a six  mois. Je m’appuie en partie sur un texte de Raoul-Marc Jennar de septembre 2014 dont le titre est : « Le GMT/TAFTA : pas amendable ! ». Je commence par quelques-uns des mensonges, avant d’en venir au pire.

MENSONGES : DES EXEMPLES PARMI D’AUTRES on nous a dit par exemple que, grâce à l’intervention française, la défense et la culture ont été exclues du champ de la négociation. Pour la défense, l’argument est stupide : en vertu de l’article 20 du GATT, les industries d’armement et les questions de défense sont exclues du champ d’application de TOUT TRAITE DE CE TYPE, ce qui est rappelé à l’article 12 du mandat de négociation. La France n’y est pour rien.

 S’agissant de « la culture », seul l’audiovisuel (art. 21 du mandat) est exclu, et seulement provisoirement car l’article 42 permet à la Commission D’INTRODUIRE ULTERIEUREMENT DEVANT LE CONSEIL DES MINISTRES TOUT SUJET N’AYANT PAS FAIT L’OBJET DU MANDAT ! Quant aux théâtres, opéras, bibliothèques, musées, archives… ils tombent bien sous le coup du mandat actuel.

On nous dit : « il n’est pas question d’appliquer les normes environnementales ou  agricoles américaines en France ». Mais le mandat de négociation exige (art. 25) que «les mesures de chaque côté se fondent sur la science et sur les normes internationales d’évaluation scientifique des risques ». C’est précisément l’argument américain : il faut des preuves scientifiques (et surtout pas cet horrible principe de précaution) pour imposer des interdictions en matière sanitaire ou phytosanitaire. Or, les dirigeants américains considèrent qu’il n’y a pas de justification scientifique pour interdire les OGM, le bœuf aux hormones, le poulet chloré, le porc à la ractopamine…
Nos élus nous ont dit : « nous exercerons notre devoir de vigilance et notre pouvoir d’influence tout au long des négociations ». Or, les Parlements nationaux sont exclus de toute information ou association à la négociation ! Et la Commission européenne informe avec réticence et parcimonie un nombre limité de parlementaires européens.

C’EST PIRE QUE CE QU’ON CROYAIT

On observe à gauche la tendance suivante : si nous parvenons à bloquer ce qu’il y a de plus indéfendable, nous pourrions signer un accord amendé, réduit et acceptable. Ils pensent principalement à cet abcès de fixation en effet purulent qu’est le mécanisme privé de « règlement des différends », lequel, selon le mandat de négociation, se substituerait aux juridictions officielles pour juger d’un conflit entre firmes privées et pouvoirs publics. Ils pensent aussi aux services publics ou à la préservation de certaines normes sociales, environnementales, sanitaires et techniques en vigueur en France ou en Europe. Ils constatent que, déjà, la question du règlement des différends semble devoir être refusée par l’Allemagne voire par de nombreux élus étatsuniens et qu’elle a donc du plomb dans l’aile.

Pourtant, je crois sincèrement, comme Raoul-Marc Jennar, que, s’agissant de ce traité, entrer dans la voie des amendements, c’est tomber dans un piège. Un piège fort bien représenté par les articles 43 et 45 du mandat européen de négociation (j’y ajoute l’article 42, que j’ai cité plus haut).

Car avant le mécanisme de règlement des différends figurant à l’article 45, les rédacteurs ont prévu le piège de l’article 43 que voici : « L’Accord mettra en place UNE STRUCTURE INSTITUTIONNELLE en vue de garantir un suivi efficace des engagements découlant de l’Accord ainsi que pour promouvoir la réalisation progressive de la compatibilité des régimes réglementaires ». Jennar en propose l’interprétation suivante, que je crois réaliste dans l’état actuel des informations disponibles :
« Cette « structure institutionnelle » qui chapeautera donc les deux entités (UE et Etats-Unis) pour veiller au respect du traité, aura également pour tâche de « promouvoir la réalisation progressive de la compatibilité des régimes réglementaires ». En clair, et cette interprétation est confirmée par la Commission européenne, cette « structure institutionnelle » (dont on ignore qui la composera et qui la contrôlera) POURSUIVRA LES NEGOCIATIONS EN MATIERE DE COMPATIBILITE DES REGLEMENTATIONS SUR LES SUJETS QUI N’AURONT PAS FAIT L’OBJET D’UN ACCORD AU TERME DE LA NEGOCIATION ACTUELLEMENT EN COURS…. Les négociateurs européens ont donné un nom à cette structure : un « conseil de coopération réglementaire »… [Ah, la « coopération » mise au service du dumping concurrentiel, quelle belle chose !] Si on ajoute le fait que LA COMMISSION EUROPEENNE PROPOSE QUE LES RESULTATS DE CES NEGOCIATIONS ULTERIEURES NE SOIENT PLUS SOUMIS AUX ETATS MEMBRES, on peut en conclure deux choses :
- ce « conseil de coopération réglementaire » est en fait une institution supranationale dotée de pouvoirs législatifs contraignants ;
- aucune garantie qu’on ne touchera pas à tel secteur ou à telle matière n’aura de caractère durable et ne peut donc être prise au sérieux. » Fin de citation (extraits) Je commente à titre personnel : rien ne dit que cette proposition passera la barre du Parlement européen ou des Parlements nationaux (s’ils sont consultés, ce qui est loin d’être acquis, c’est un autre enjeu). Mais il est clair que les risques de contournement des instances élues liés à cet article dont presque personne ne parle (cela va venir) ne
sont pas moindres que ceux qui concernent l’arbitrage privé des différends, la mise à bas de normes de qualité sociale et environnementales, la suppression ou la forte baisse des droits de douane pour l’agriculture et divers autres secteurs menacés.

Si vous voyez quelque chose à sauver dans ce projet, dites-le. Sinon il faut vraiment qu’il soit rejeté en bloc. Contrairement à ce qu’écrivent certains qui ont tendance à vendre la peau d’un ours dont ils devraient savoir qu’il est agressif et qu’il a plus d’un tour dans son sac, c’est loin d’être gagné, même si cela semble désormais possible. Il va falloir pendant des mois encore faire jouer « l’effet Dracula », comme pour les traités semblables que « nous » avons repoussés : l’AMI, l’ACTA, l’AGCS. Non seulement il ne faut pas relâcher la pression, mais il faut l’accentuer.

Je n’ai parlé dans ce billet que du traité transatlantique, sans doute le plus gros morceau pour les mois à venir. Mais les projet d’accords de « libre-échange » avec le Canada (CETA), ou sur les services (TISA, le retour en force de l’AGCS) doivent être combattus en même temps et avec la même détermination. J’y ajoute les APE (accords dits de partenariat économique entre l’UE et l’Afrique subsaharienne et plus généralement la zone ACP, mais aussi avec d’autres pays du monde). J’ai déjà évoqué ces derniers, qui sont typiquement des projets de domination néocoloniale, mais j’y reviendrai bientôt.


Jean Gadrey

Jean Gadrey, né en 1943, est Professeur honoraire d'économie à l'Université Lille 1.
Il a publié au cours des dernières années : Socio-économie des services et (avec Florence Jany-Catrice) Les nouveaux indicateurs de richesse (La Découverte, coll. Repères).
S'y ajoutent En finir avec les inégalités (Mango, 2006) et, en 2010, Adieu à la croissance (Les petits matins/Alternatives économiques), réédité en 2012 avec une postface originale.
Il collabore régulièrement à Alternatives économiques.

****

ET VOUS VICQUOIS (ou autres...) QU'EN PENSEZ-VOUS  ?


7 commentaires:

  1. Merci à Mr Jean Gadrey pour cette analyse.

    C’est très inquiétant, beaucoup plus que ce qui avait déjà pu fuiter.
    En fait, la déréglementation orchestrée par les institutions censées être “indépendantes”, est un système juridique extrêmement complexe, qui vise à… abaisser les normes juridiques, économiques, et politiques. C’est l’idée du “marché autorégulateur” dont parlait Polanyi. Pensez-vous qu’il soit en passe de revenir tel qu’il l’avait décrit ?…

    Une explication du TPP très bien faite : http://economixcomix.com/home/tpp-french/

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  2. Bonjour,
    Merci pour l'info.
    Dans un monde ou officiellement toutes les 5 s un enfant meure de faim,
    il est raisonnable de penser que le seul but de ceux qui ont le pouvoir est la destruction d'une grande partie de la population de la planète,même s'ils affirment le contraire.
    Comme une civilisation n'est composée qur d'hommes, c'est comme ça car la majorité le veut.
    Cordialement

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  3. Dans le Blog de Paul Jorion.

    Les technocrates non-élus ont-ils désormais le droit d’aliéner la souveraineté nationale sans consultation populaire préalable ?, par Jean-Paul Vignal

    Faisant preuve d’une belle constance dans la promotion de ses convictions néolibérales, la Commission européenne persiste et signe dans sa volonté d’imposer la clause dite ISDS (Investor-State Settlement Dispute) dans le traité CETA avec le Canada et, partant avec les États-Unis. Le projet « confidentiel » de traité diffusé en interne par la Commission Européenne intitulé Consolidated CETA Text (Version of 1 August 2014) et « fuité » par le site allemand Tagesshau.de montre en effet clairement que ce traité de libre-échange avec le Canada qui doit être signé cet automne contient une telle clause.

    Pour mémoire, la procédure ISDS permet aux sociétés privées qui s’estiment financièrement lésées par une décision gouvernementale de contester cette décision devant une instance arbitrale privée, et d’obtenir une réparation financière pour ce préjudice si cette instance extra-judiciaire, dont les décisions ne sont pas susceptibles d’appel, en décide ainsi. Elle permet donc à des entités de droit privé de prévaloir sur les décisions prises par un État souverain. Le concept n’est pas nouveau : de nombreux accords bilatéraux entre États contiennent déjà des dispositions similaires. La nouveauté consiste dans la possibilité d’en faire la règle pour l’ensemble de l’Amérique du Nord et de l’Union Européenne.



    Dans un geste de relative ouverture, la Commission européenne avait pourtant décidé en mars dernier un moratoire sur la négociation ISDS du traité TTIP avec les États-Unis, sous la pression, il est vrai, des opinions publiques des pays de l’Union, et notamment de celles de la zone euro, Allemagne et France en tête. Dans la foulée elle avait lancé une consultation qui consistait à remplir un questionnaire kafkaïen à souhait que 150 000 citoyens ou organisations ont pris le temps de remplir. Les résultats de cette consultation ne sont pas encore connus, mais il est probable qu’ils révèlent un fort contraste entre représentants des intérêts des lobbies industriels et commerciaux et représentants des citoyens et des mouvements politiques opposés à cette tentative ouverte de privatisation de la souveraineté nationale.

    partie 1

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  4. Partie 2

    Comme le suggèrent les auteurs de l’article d’Euractiv (EU-Canada trade deal leak ‘ridicules’ TTIP consultation, campaigners say) on peut se demander si la Commission européenne ne se moque pas des citoyens européens, – sans même se soucier d’y mettre les formes -, quand elle continue à soutenir un projet de traité avec le Canada incluant une clause ISDS. Même en admettant que cette clause ISDS soit exclue du TTIP avec les USA pour des raisons cosmétiques, il faut en effet avoir une bien piètre opinion des citoyens européens pour imaginer qu’ils vont croire un seul instant que les multinationales américaines ne pourraient pas utiliser leurs filiales canadiennes pour faire jouer contre les États récalcitrants de l’UE une clause ISDS qui serait incluse dans le CETA.

    L’affaire n’est heureusement pas encore terminée. Il n’est sans doute pas fortuit que la fuite soit venue d’un media allemand. Pour des raisons historiques dirimantes, l’opposition allemande à toute clause attentatoire à la souveraineté nationale sans consultation du parlement ou du peuple allemand est en effet bien connue. Elle peut compter sur le soutien opiniâtre de la très pointilleuses Cour Fédérale de Karlsruhe. Il n’est pas trop tard pour que d’autres pays se joignent à ce combat. Il en va sans doute de l’avenir de la démocratie dans l’UE, au moment où elle est de plus en plus soumise aux pressions des « marchés » et aux dictats d’une oligarchie cooptée qui, sur le thème « dormez tranquille braves gens, nous pensons et agissons pour vous » respecte de moins en moins la volonté populaire sans doute jugée trop peu qualifiée pour s’occuper de politique dans le monde complexe de l’ère dite postindustrielle.

    Diffuser et faire connaître au plus grande nombre le projet CETA tel que publié la semaine dernière n’est qu’un modeste début, mais il est indispensable comme tout premier petit pas d’une longue marche !

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  5. Je ne m'étendrai pas sur le sujet attendu qu'il faudrait que je sois mieux documenté ! Cela dit , et pour faire simple , ne pensez vous pas que la classe politique dans son ensemble devrait s'élever comme un seul homme afin de tuer dans l’œuf ce projet qui , à la lecture de ce seul document , semble être une vaste imposture ! Que le monde du capital manœuvre afin d'obtenir les coudées franches peut se comprendre mais ne pensez vous pas que " les politiques " , s'ils n'étaient pas pour leur grande majorité inféodés au monde du capital , devraient faire front et légiférer de manière à nous prémunir ? Je crains que tout ce beau monde ne soit compromis au point de laisser les événements s'orienter selon les vœux du-dit capital et ce avec notre complicité ! Pas surprenant que certains commencent à manifester le souhait de quitter l'Europe , véritable utopie !

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  6. TAFTA, c'est tout simplement la fin de l'Europe, la brevetabilité du vivant, l'accaparement par des prédateurs privés de toutes les ressources communes de l'humanité, la privatisation de la justice tribunaux arbitraux) la fin de l'état et le début d'une conflagration généralisé.

    la lutte de tous contre tous; un ensauvagement du monde sans précédent qui ne laisse augurer que violences sur violence.

    Sans une équité à minima c'est la violence qui fait retour: la grande Violence.
    Que l'on croyait conjurée: la bête immonde est toujours féconde...

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  7. Le huitième cycle de négociation du traité transatlantique TAFTA s’est ouvert ce lundi à Bruxelles.

    Alors que les promoteurs du traité patinent face à l’opposition grandissante à l’arbitrage investisseur-État [1],c’est désormais sur la « coopération réglementaire » que planchent les négociateurs.

    Sous ce doux nom de coopération se cache un vaste programme de détricotage des normes sociales, environnementales, alimentaires et sanitaires avec les lobbies des multinationales aux commandes. La Commission européenne a en effet repris quasiment mot pour mot les demandes de la chambre américaine de commerce et de Business Europe [2]. Étiquetage, autorisation de produits chimiques, règles prudentielles, sécurité automobile etc sont autant de domaines où les normes sont perçues comme des obstacles injustifiés au libre commerce. Et ce qui ne pourra pas être négocié dans le traité, encore trop sujet au regard public malgré l’opacité qui entoure les négociations, le sera par la suite : des groupes de travail sectoriels et un conseil de coopération réglementaire se chargeront de manière permanente d’analyser les législations actuelles et futures à l’aune de leur impact sur le commerce transatlantique, et ce avant même que les élu-es ne soient consultés (voir note CEO) et à l’abri de tout débat public.

    Le collectif national Stop TAFTA dénonce ce projet néfaste pour les consommateurs, les travailleurs et l’environnement. Loin d’être un volet technique, la coopération réglementaire est une pièce maîtresse du traité dont le projet est une dérégulation à grande échelle, en dehors de tout contrôle démocratique.

    D’après Michel Dubromel, administrateur de FNE (France Nature Environnement), « les documents fuités montrent que les négociateurs européens travaillent à modifier le processus réglementaire à la racine. Ils mettent en place des procédures complexes qui visent à promouvoir les seuls intérêts des milieux d’affaire et nuisent aux droits des populations et à l’environnement ».
    Laurent Pinatel de la Confédération Paysanne, membre du collectif, a déclaré « le conseil de coopération réglementaire deviendra un trou noir pour toute réglementation en place et à venir, destiné à contourner les élus et leur mandat démocratique. Le gouvernement français doit rejeter cette proposition avec force. »

    Le collectif continue à se mobiliser pour informer les citoyens des dangers de cet accord et pour mettre fin aux négociations telles qu’elle se déroulent.
    Plusieurs de ses membres seront présents à l’action organisée ce mercredi à 10 h 30 devant la Commission européenne pour dénoncer la capture du pouvoir par les multinationales et exiger la fin des négociations, à l’initiative de Global Justice Now et des Amis de la terre Europe.
    Notre campagne se poursuivra dans la rue le 18 avril avec une journée internationale d’action durant laquelle nous nous mobiliserons aux côtés de nos partenaires en Europe et en Amérique du Nord.

    158 organisations et réseaux de toute l’Europe publient ce mercredi une déclaration commune sur la coopération réglementaire dans TAFTA : « TAFTA : La coopération réglementaire est l’outil ultime pour empêcher ou affaiblir les futures normes d’intérêt général en faveur des citoyens, des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement ».
    Informations complémentaires

    Analyse de la proposition de la Commission : « TAFTA : Les réglementations verrouillées » et petit guide « TAFTA : une attaque camouflée sur la démocratie et les normes de réglementation » par CEO
    Vidéo de CEO, de LobbyControl, du réseau Seattle to Brussels et de SumOfUS : La Coopération Réglementaire - Une menace pour la démocratie.
    Rapport « Down the regulatory rabbit hole » par la Colaition for sensible Safeguard

    Notes

    [1] Voir le communiqué du 14 janvier 2015

    [2] Comme en témoignent les fuites successives de documents : décembre 2013, décembre 2014, janvier 2015

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